Nous, les travailleur·ses du Théâtre de L’Ancre, refusons de rester silencieux·ses face à l’attaque sans précédent que subit le milieu culturel en Belgique. Le statut d’artiste est menacé et la culture vacille sous les coups d’une politique aveugle à son importance.
Lors de la précédente législature, les revenus des artistes avaient déjà été plafonnés à un seuil précaire, et demain, ils pourraient voir disparaître les seules protections sociales qui leur permettent de créer. 8000 artistes et technicien·nes risquent de perdre leur statut, plongeant encore davantage le secteur dans la précarité et la misère. Des dizaines de métiers, spécialisés et précieux, qui tous méritent d’être reconnus, encadrés et financés.
Mais ce n’est pas tout. Le Plan Oxygène, censé 'aider' les communes, impose en réalité des mesures d’austérité drastiques. À Charleroi par exemple, les réductions significatives des subsides alloués aux institutions culturelles locales atteignent jusqu’à -25% et les hausses des tarifs des services publics mettent en péril leur fonctionnement et, par conséquent, limitent l’accès des citoyen·nes aux événements culturels. Pendant ce temps, Georges-Louis Bouchez, président du Mouvement Réformateur, envisage purement et simplement la suppression du ministère de la Culture : « Je ne vois pas pourquoi on a un ministre de la Culture. Il n’y en a pas aux États-Unis, et la culture américaine domine le monde. » Il s’inscrit ainsi dans une dynamique proche de celle de Donald Trump, qui a récemment initié le démantèlement du ministère de l’Éducation aux États-Unis. Comment ne pas y voir une volonté claire d’attaquer le milieu culturel et de faire taire celles et ceux qui questionnent, dénoncent et imaginent d’autres futurs ?
Et pourtant, la culture n’est pas un poids mort. Rien que dans le secteur des arts de la scène en Fédération Wallonie-Bruxelles, des dizaines d’opérateurs culturels, plus de 10.000 emplois et 2,5 millions de spectateurs sont concernés. À l’échelon national, l’ensemble du secteur culturel représente près de 5% du PIB et plus de 200.000 emplois. La culture n’est pas un luxe et ne doit pas le devenir. Elle est un souffle, un espace de réflexion, un lieu de résistance, un miroir tendu vers notre société. Elle crée du lien, nourrit les esprits et fait battre nos villes au rythme des idées et des émotions. Elle est politique, et depuis toujours, elle dénonce les injustices, les abus de pouvoir et les dérives du système qui nous impactent tous.tes.
Fidèle à sa mission, L’Ancre défend un théâtre de création engagé, profondément enraciné dans les réalités sociales, qui donne la parole aux invisibles, soutient les artistes et interroge notre époque à travers des créations percutantes et accessibles au plus grand nombre. Nous avons à cœur d’aborder des combats, des luttes et des révoltes telles que la condition des marginalisés, les violences, la quête d’identité, la condition de la femme, les pièges de la société de consommation, les migrations, les droits individuels face aux systèmes oppressifs… Ces œuvres offrent une réflexion profonde sur les enjeux contemporains majeurs. Elles sont un prisme à travers lequel nous explorons l’Humain, comprenons la société, questionnons le monde et tissons des liens pour mieux vivre ensemble.
Sans la création, sans culture, sans artistes et tous ces métiers de l’ombre, que reste-t-il ?
L’Arizona veut nous laisser un paysage aride et silencieux.
La culture se meurt.
Soutenez-la.
Sortez. Vivez.
Résistez.
#CultureEnDanger #SauvonsLaCulture #StatutDArtisteEnDanger #ThéâtreEnRésistance #CharleroiCulture